A l’entrée de la station balnéaire de Saly Portudal, le Musée Khelcom capte l’attention avec son architecture originale. Une grande bâtisse de 8.200 m², à l’architecture atypique et aux couleurs ocres.
Inauguré un 28 décembre 2010, par l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, lors du Festival Mondial des Arts Nègres (Fesman), le musée Khelcom de Saly fait son petit bonhomme de chemin.
La collection très éclectique de Mourtala DIOP, collectionneur d’art averti, qui navigue de l’art ancien avec des statues en terre cuite vieilles de 2 000 ans vous fera voyager dans le temps jusqu’aux œuvres contemporaines.
On est tout de suite impressionné par les sculptures géantes en terre cuite installées à l’entrée du musée, près de quelques voitures anciennes dont une Corvette des années 1970.
Mourtalla Diop, fondateur et directeur artistique de ce temple, explique les origines de ce nom. ‘’J’ai voulu rendre hommage à la ville sainte de Touba. Tout ce que nous avons, nous le devons à Serigne Touba. Les recettes retournent dans cette ville sainte. Quand, je m’apprêtais à construire le musée, feu Serigne Saliou a prié sur du sable et m’a dit de le verser sur le site’’.
A l’intérieur, ce petit musée expose des statues en terre cuite vieilles de 2 000 ans, des sculptures en bronze des XIXe et XXe siècles, des masques d’initiés d’Afrique de l’Ouest et des peintures de l’artiste sénégalais Djibril Ndiaye, décédé début 2017. Un parcours visuel intéressant.
Toutes les facettes des arts plastiques y sont représentées, telles que la sculpture sous toutes ses formes, le dessin, la peinture, la photographie, le sous-verre, la décoration, la récupération, le collage, la soudure, etc., et même … les cacahuètes !
Sitôt le grand portail franchi, on est accueilli par de grandes statues: une vache, un lion, un grand oiseau et d’autres statues à la forme humaine. Comme si elles faisaient une invite au flot de véhicules et de passagers qui passent devant les grilles qui servent de clôture à venir découvrir les lieux. De grandes dalles, réalisées en marbre ocre, ornent le sol. Sur l’allée des statues assises semblent souhaiter la bienvenue au visiteur. Des fleurs et des arbres se dressent çà et là. Les lieux ressemblent à un parc abandonné et inconfortable.
De l’art plastique, à la sculpture, du design en passant par la peinture, la photographie, tout dans ce musée offre aux visiteurs une certaine sensation, mais surtout un aperçu sur l’art africain contemporain. Le décor est composé de photographies accrochées au mur, de mobilier avec un design très stylé. Mais, aussi d’œuvres pour la plupart réalisées avec du caoutchouc ou du métal. On découvre des œuvres de différents artistes qui s’étalent à perte de vue. Les artistes présentent des œuvres de haute facture.
L’extérieur contraste avec l’intérieur de la grande salle qui fait office de salle d’exposition. Le décor est éblouissant. Les murs et les plafonds, eux-mêmes, représentent un vrai chef d’œuvre avec leur couleur blanc-doré. Le lieu est tranquille, propre et près de 300 œuvres y sont exposées. On y trouve des masques, du mobilier, mais aussi des tableaux. Chaque œuvre se distingue de l’autre de par sa taille, de par sa beauté, mais aussi de par son aspect vétuste.
On remarque des œuvres monumentales et très noires, de l’artiste sénégalais Am, qui vit actuellement en France. A l’aide de pneus entrelacés, il a réalisé avec ingéniosité un géant homme, ainsi que du mobilier. Le visiteur découvre la statue d’un chimpanzé, d’un lion, d’une antilope, modelé dans du cuivre. Aussi, des statuettes arborant plusieurs têtes symbolisent la déesse de la fécondité. On peut contempler une photographie représentant des épisodes inspirés de la vie des Noubas. Sur le tableau plutôt satirique on voit, des hommes de la tribu se livrer à des combats sanglants. Leurs femmes ont le corps couvert de scarifications.
Au milieu de toutes ses œuvres, une photo de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké trône majestueusement. Le directeur du musée explique : ‘’un jour, Cheikh Mourtada, fils de Serigne Touba, est venu à Paris rendre visite à mon père. Ce dernier s’est précipité pour couvrir les œuvres. Le marabout lui dit que ce n’était pas la peine, car, il savait l’amour et le respect que mon père vouait à Serigne Touba. Donc, il nous a accordé ce privilège’’.
Ailleurs, on découvre un plateau composé d’arachides et de ses coques, peint en vert, jaune et rouge. Au premier étage, une large gamme d’objets rituels y sont exposés. Des masques Ekuk du peuple Kwele, des fétiches à clous Nkondi provenant du Congo, des terres cuites Nok du Nigeria, qui remontent à plusieurs siècles avant l’ère chrétienne. Une étrange sculpture façonnée dans une pièce de bois, qui lui sert de visage, puis surchargée de plumes, offre une vision de cauchemar. Un masque représentant la proue d’une pirogue finement sculptée est posé dans un coin de la salle. Ici, ‘’la magicienne de la terre’’, Séni Awa Camara propose des poteries. Ces sculptures représentent parfois des personnages féminins liés à un culte de la fécondité.
Au premier étage du musée, se trouve une autre collection, laquelle réunit de magnifiques pièces d’objets d’art africain, telles que masques, statues, de tous pays et de tous âges, et tous plus magnifiques les uns que les autres.
Une statue en terre cuite assez expressive, les yeux mi-clos, les paupières blanchies, garde la bouche ouverte semblant émettre un cri. Le corps hérissé de cauris, la tête surmontée d’une coiffe de cauris, semble surveiller ce patrimoine. Des poteaux de case Ebanza du peuple Mitsogho du Gabon, des instruments traditionnels, font partie du décor de ce temple de l’art africain. Quiconque entre dans ce musée y trouve de l’inventivité, découvre le génie créateur des artistes. Mais, aussi une large collection d’œuvres des années 1950 à nos jours.
Si vous êtes un tant soit peu amateur d’art ou tout simplement curieux de nature, n’hésitez pas à régler le petit droit d’entrée réclamé et faites-vous plaisir des yeux pendant quelques instants. Votre séjour à Saly mérite un petit détour par cet endroit surprenant
En mettant, à la disposition des férus d’art ce temple ouvert tous les jours de neuf heures à dix-huit heures et demie, Mourtala Diop dit vouloir partager des histoires, des cultures d’Afrique et d’ailleurs. Au début, le ticket d’entrée était fixé à 5.000 francs CFA, mais, il n’y avait pas de rush. Il a revu le prix du ticket à la baisse. Désormais, il faut juste 3000 francs pour les adultes et 1000 francs CFA pour les enfants pour contempler, admirer et se faire plaisir. L’objectif est de rendre visible et valoriser l’art sous toutes ses formes.
Voilà ! C’est tout pour notre visite guidée virtuelle du Musée Khelcom de Saly. Et vous l’avez vous déjà visité ?
Si vous avez des questions, suggestions et/ou recommandations, n’hésitez pas à nous laisser un petit commentaire en dessous de cet article !